Le choix des 15 et 22 mars

Il faut voter.

Je pense que le Président de la République a eu raison de maintenir les élections municipales et il est important que nous marquions en votant notre volonté de maintenir notre vie démocratique et plus particulièrement à Corbeil-Essonnes de tourner une page triste et sombre de notre vie locale.

Notre système politique a bien des défauts et nous sommes nombreux à vouloir le réformer mais il reste une démocratie et répandre l’idée que voter ne sert à rien c’est aller vers des aventures populistes ou autoritaires qui coûteront cher à notre pays sans résoudre ses problèmes.

C’est vrai que la démocratie représentative a ses inconvénients qui tiennent surtout à la manière dont nous la pratiquons. Il n’est écrit nulle part que les députés doivent rester sourds aux mouvements populaires et un député, comme un maire peut maintenir par sa pratique une liaison étroite avec ses électeurs.

Penser qu’on peut remplacer l’élection par d’incessantes manifestations de rue accompagnées de violences n’est qu’une illusion. La démocratie directe pour un grand peuple mène à la femme ou à l’homme providentiel, à la paralysie du pays ou à la dictature d’une minorité agissante, bref à la fin de la démocratie c’est à dire au système qui donne à chaque citoyen le même pouvoir de décision.

Les élections municipales ont en plus une caractéristique particulière, c’est qu’elle concerne la vie de tous les jours. C’est la municipalité qui décide de construire les écoles, d’entretenir les chaussées, qui veille à la propreté des rues, qui permet ou qui interdit de bâtir, qui organise (ou pas) la transition écologique que le réchauffement climatique et l’augmentation de la pollution rendent nécessaires.

On ne peut se plaindre à Corbeil-Essonnes de l’urbanisme galopant, de la saleté des rues, du manque de places de stationnement, du nombre de sans domicile fixe, du manque d’emplois dans une ville qui devient une ville-dortoir et ne pas se déplacer les 15 et 22 mars prochain pour voter.

Il faut voter mais pour qui ? ou plus exactement pour qui et pour quoi ?

Affaires et déclin

D’abord, sauf si on est satisfait de la gestion actuelle, il ne faut pas voter pour la liste conduite par Jean-Pierre Bechter.

On me dit qu’il ne faut plus parler des affaires, que cela lasse et agace, que cela ne fait pas gagner de voix.

D’une part je ne m’exprime pas ici pour plaire mais pour donner ma part de vérité, d’autre part je comprends ceux qui veulent tourner une page de la vie de notre cité qui lui a donné mauvaise réputation mais pour tourner une page il faut qu’on ait fini de l’écrire, et de la lire!

Il suffit d’avoir lu la Presse depuis une dizaine d’années pour savoir que Jean-Pierre Bechter, successeur de Serge Dassault, a été mis en examen dans l’affaire des achats de voix lors des élections de 2009 et 2010 et que l’instruction menée par la police et la gendarmerie a confirmé les soupçons qui pesaient sur lui puisqu’il est maintenant renvoyé devant le tribunal correctionnel.

Le journal Le Parisien nous a donné quelques précisions sur l’ordonnance de renvoi rédigée par le magistrat instructeur dans un article du 6 septembre dernier :

Dans son ordonnance de 37 pages, le magistrat écrit que « l’enquête a révélé que Serge Dassault distribuait ou faisait distribuer de l’argent liquide aussi bien à des particuliers qu’à des militants. » Et les montants évoqués donnent le tournis. Entre 1995 et 2009, Serge Dassault a fait procéder à des retraits en espèce de 47 M€ d’un compte au Liechtenstein. Entre 2008 et 2012, la somme est de 7,45 M€.

Cette dérive clientéliste, alimentée au-delà du raisonnable par la fortune colossale de Serge Dassault, a créé un climat malsain dans la commune de Corbeil-Essonnes, engendrant rivalités, jalousies et tension », note le magistrat. Concernant Jean-Pierre Bechter, il aurait « incontestablement bénéficié de ces financements irréguliers » et « participé à cette entreprise généralisée de corruption de l’électorat ».

Certes, Jean-Pierre Bechter et ses acolytes n’ont pas encore été jugés et ils sont présumés innocents jusque là mais est-il raisonnable de réélire un homme sur qui pèsent de si lourds soupçons et qui est encore entouré de plusieurs des sinistres acteurs de ce que la Presse appelle le système Dassault ?

On voudrait ignorer le procès intenté (dans lequel je suis partie civile) qu’on ne le pourrait guère puisque nous venons d’apprendre qu’il aura probablement lieu cette année comme l’indique Le Parisien :

Jean-Pierre Pierre Bechter convoqué en correctionnelle en avril.

La date est fixée. Le maire ainsi que six autres personnes seront convoqués par le parquet national financier devant le tribunal correctionnel de Paris le 29 avril pour y répondre de faits d’achats de votes lors des élections municipales de 2009 et 2010. Il s’agit là d’une audience de fixation, le procès étant prévu sur plusieurs semaines. Ce dernier pourrait se tenir dès novembre.

(Le Parisien du 10 mars 2020)

Jean-Pierre Bechter serait-il même encore Maire lors des audiences si il était réélu ? Sans doute faudrait-il être devin ou avoir une tête de breton pour le savoir !

Mais même si je fais abstraction des accusations qui pèsent sur les épaules du maire sortant et de son appartenance politique, comme beaucoup d’habitants de notre ville dont beaucoup ne s’intéressent que de très loin à la politique nationale, la gestion de Jean-Pierre Bechter ne me convainc pas.

Il y a d’abord le style, le comportement : Notre maire habite Paris, est peu présent sur le terrain et délègue la gestion au jour le jour de la ville à un mercenaire (au demeurant fort urbain).

Son équipe se soucie fort peu de l’avis des habitants, de leurs besoins, de leurs espoirs… Notre ville est gérée comme la filiale sans avenir d’un grand groupe dont le PDG ne se soucierait plus guère que pour en garder, comme un trophée du passé, la direction virtuelle.

Mais il y a surtout le fond. Il semble que l’ambition de la municipalité ait été ces dernières années de faire de Corbeil-Essonnes une ville-dortoir la plus peuplée possible sans aucune vision à moyen et à long terme. Une bien petite ambition quand on connaît les atouts de notre commune.

Notre ville est devenu le terrain de jeu (primé) de promoteurs qui construisent un peu partout sans qu’on tienne compte de l’avis des habitants ni qu’on se soucie de construire les équipements publics qui sont nécessaires pour accompagner une telle croissance. C’est une ville inhumaine sans avenir pensé que nous construisent les hommes du Maire et leurs obligés.

La vie sociale ne semble pas non plus intéresser l’édile sortant. Les fêtes disparaissent, les quartiers se replient sur eux-même, les jeunes délaissés en viennent à s’affronter ou à commettre des déprédations. L’insécurité s’étend et quand on la combat c’est pour traiter ses effets tout en ignorant ses causes. Il y a de la pauvreté et de la souffrance à Corbeil-Essonnes !

De nombreux habitants ne rêvent plus de mieux vivre dans notre ville mais de la quitter.

Réélire Jean-Pierre Bechter à la tête d’une petite équipe affaiblie par ceux qui ont quitté le navire en pressentant le naufrage, c’est enfoncer un peu plus notre ville dans le déclin.

Des thuriféraires devenus judas

Deux autres listes représentent la droite. Jean-François Bayle et Jean-Luc Raymond sont des hommes sympathiques que je respecte. Rien de personnel dans mon opposition mais si l’on veut tourner la page Bechter est-il efficace de confier la gestion de notre ville à celui (encore aujourd’hui adjoint à l’urbanisme de Jean-Pierre Bechter) qui est co-responsable de la gestion de la ville pendant la dernière mandature ou à celui qui fut adjoint de Serge Dassault en 2008  ?

Au demeurant, le succès de l’un ou de l’autre ne pourrait guère résulter que d’une fusion de listes au second tour c’est à dire d’une alliance bricolée sans accord sur le fond dans le seul but de rester aux responsabilités.

« Je considère que notre ville peut et doit être mieux gérée qu’elle ne l’est depuis 6 ans »

Jean-François Bayle (Lettre aux électeurs)

« …il est hors de question pour moi d’envisager une fusion de second tour avec Jean-Pierre Bechter. »

Jean-Luc Raymond (Programme distribué aux électeurs)

On peut certes les créditer d’une certaine lucidité puisqu’ils ont pris, plus ou moins tôt, leurs distances avec l’équipe Dassault ou l’équipe Bechter, mais ils sont bien mal placés pour incarner le renouveau, la transition écologique, l’ordre et la rigueur de gestion.

Corbeil-Essonnes notre ville

Reste donc pour tourner efficacement la page, la liste menée par Bruno Piriou.

Ce n’est pas une liste de circonstance. C’est le résultat d’un travail patient mené au fil des années avec l’association Le Printemps de Corbeil-Essonnes.

Témoin de ce travail et surtout de ces résultats, je veux dire la chance qu’il constitue aujourd’hui pour un renouveau de notre ville.

Vous avez pris connaissance de notre programme. Il montre que nous avons bien compris la situation et que nous avons été capables de tracer les grandes lignes de l’action à mener pour en sortir par le haut. Nous les avons décrites dans notre programme, je me contenterai ici d’en rappeler l »essentiel :

  • engager la transition écologique que nécessite la situation en faisant en sorte qu’elle ne réduise pas le niveau de vie des plus pauvres,
  • travailler à reconstruire l’attractivité commerciale et économique de notre ville,
  • tout faire pour améliorer la sécurité et la solidarité entre les habitants,
  • reconstruire le quartier de la gare après le départ d’Hélio Corbeil,
  • gérer efficacement la ville dans la transparence, en n’augmentant pas les impôts,
  • redonner toute sa place à la culture et à la fête pour être à nouveau heureux de vivre dans la ville que nous aimons,
  • améliorer la vie et la formation de notre jeunesse,
  • instaurer une démocratie citoyenne et participative.

Certains m’ont demandé des précisions, estimant que certaines propositions plus concrêtes auraient pu être faites. J’en conviens, mais nous n’aurions pas alors respecté une des idées majeures au coeur de notre démarche : la démocratie participative, la volonté que nous avons de consulter constamment les habitants sur ce qui les concerne.

La place d’un équipement, le détail d’un projet d’urbanisme, l’emplacement et la nature d’un nouvel espace vert, l’organisation du stationnement dans un quartier… ne doivent pas se décider entre candidats ou entre élus mais avec les habitants concernés.

Nous avons refusé de faire un catalogue de promesses pour vous présenter une vision de l’avenir de notre ville et une méthode pour la faire progresser vers cet avenir.

La vision c’est celle d’une ville dynamique dont il faut restaurer l’attractivité économique, qu’il faut engager dans la transition écologique et dont il faut refaire une collectivité humaine solidaire et chaleureuse.

La méthode c’est la démocratie participative et la rigueur de gestion. La municipalité n’est pas là pour faire plaisir, pour se créer des obligés ou des amis. Chaque euro dépensé, chaque emploi créé ou maintenu, doivent être utiles aux habitantes et aux habitants.

Face à des sortants affaiblis et divisés, vous avez l’opportunité d’élire une équipe unie et motivée, à l’intégrité indiscutable.

(Bruno Piriou, circulaire électorale)

La tête de liste

La dernière étape importante du travail de Bruno Piriou a été de réussir l’union avec les différentes forces politiques de gauche avec le Printemps de Corbeil-Essonnes.

Les organisations politiques nationales ont un rôle irremplaçables car elles constituent des intellectuels collectifs qui peuvent penser l’avenir de notre pays et proposer leur vison à notre peuple mais aujourd’hui à Corbeil-Essonnes, tout ceux qui regardent la vie politique locale avec lucidité savent que Bruno Piriou était le seul à pouvoir rassembler bien au-delà de la Gauche et donc à pouvoir gagner cette élection.

Pour autant, les organisations politiques (EELV, Parti socialiste, Parti Communiste, Parti de Gauche et Génération­·s) ont su faire preuve de lucidité et de responsabilité en constituant une union solide avec le Printemps de Corbeil-Essonnes.

Je connais les réticences que la désignation de notre tête de liste a suscitées auprès de certains (mais aussi l’enthousiasme qu’il a suscité chez d’autres). Il en est ainsi pour la plupart des têtes de liste.

J’ai eu des divergences sérieuses avec Bruno Piriou lors des campagnes précédentes, je me suis même présenté sur une liste contre lui et je ne le regrette pas. Il n’est que de comparer nos pratiques politiques et nos écrits pour savoir que nous ne faisons pas de la politique de la même façon.

Mais l’union ne consiste pas à abandonner ses idées au profit de celles d’un autre mais de rechercher les compromis qui permettent de travailler au service de ceux que l’on désire servir, ici les habitants de notre commune.

La municipalité que nous proposons à vos suffrages n’est pas un bloc armé d’une idéologie figée mais une équipe pragmatique, animée de la volonté de bien faire. Elle n’est pas uniforme mais animée de la volonté de réussir ensemble. C’est pourquoi j’ai accepté d’en faire partie.

J’invite ceux qui partagent certaines de mes positions et qui seraient tentés de s’abstenir ou, par rancoeur, de porter leurs suffrage sur une autre liste au premier tour à réfléchir aux conséquences de leur choix.

Le premier tour sera décisif. Il donnera (ou non) l’élan qui permettra de mobiliser les abstentionnistes du premier tour et de créer le large rassemblement citoyen qui peut seul permettre de tourner une triste page de notre ville. Soyez sûr de ne pas avoir de regrets au soir du 15 mars.

Les têtes de la liste

Ce qui me frappe le plus dans l’équipe au sein de laquelle je travaille, c’est l’enthousisasme et le dynamisme. Certains font leur première campagne mais avec sérieux et opiniâtreté. Je sens une volonté de réussir, d’être utile aux autres, une solidarité entre les camarades qui restera, quoi qu’il arrive un souvenir heureux et porteur d’espérance.

Cette équipe est également remarquable par sa diversité qu’il s’agisse des quartiers représentés, des âges (de  Clémence la benjamine au doyen, votre serviteur), des compétences professionnelles ou des cultures représentées. J’y vois une chance pour notre ville.

J’ajoute que la présence parmi nous de Michel Nouaille (qui serait premier adjoint en cas de vistoire), battu  de 27 voix par la fraude et quelques médiocrités dans notre camp en 2009, est également pour moi une joie et pour nous tous un apport considérable.

Aujourd’hui à la retraite, et seulement animé de mener à bien mon projet de dictionnaire encyclopédique consacré à l’informatique et aux arts graphiques, j’ai accepté de consacrer mon temps libre à la délégation des finances, des affaires générales et de la modernisation du services public.

Pour terminer…

Un dernier mot sur un sujet qui m’est cher. Je suis depuis de nombreuses années un militant de la cause palestinienne.

L’association l’Olivier, section locale de l’Association France Palestine Solidarité a adressé un questionnaire à tous les candidats à Corbeil-Essonnes. Au moment où ces lignes sont écrites, Bruno Piriou est le seul à avoir répondu et vous avez pu prendre connaissance, sur ce blog, de sa réponse.

…je pense que notre pays doit condamner fermement la colonisation des territoires occupés et exiger leur évacuation.

J’ajoute que, ce faisant, nous devons en permanence ne pas unir nos voix à  ceux qui veulent détruire Israël ou qui se laissent aller à un antisémitisme de sinistre mémoire que je condamne fermement.

(Lettre de Bruno Piriou)

Au-delà du soutien aux droits du peuple palestinien dont je ne doutais pas, j’apprécie que Bruno Piriou réaffirme son opposition aux tentations antisémites et son ouverture plus générale à la solidarité internationale. C’est une raison de plus de soutenir notre liste.

Vous pouvez compter sur le dévouement des candidats de notre liste pour travailler avec enthousiasme au service de notre ville avec honnêteté. Les 15 et 22 mars, nous comptons sur vous !

Une réflexion sur « Le choix des 15 et 22 mars »

  1. Félicitations Sylvain pour cette analyse rigoureuse, argumentée du contexte, des enjeux de cette élection municipale et pour ta contribution toujours sérieuse à cette dynamique qui est la chance pour Corbeil Essonnes de s’engager dans une nouvelle étape de son histoire .
    Michel Nouaille

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