L’impasse

Je vous invite à lire un article que Nicolas Lambert vient de publier sur son blog. Dans cet article intitulé Petite histoire tragique de la division à gauche, ce camarade (il est communiste) explique ce qu’a été l’attitude de Jean-Luc Mélenchon ces dernières années et quelles sont ses responsabilités dans l’impasse politique dans laquelle nous sommes.

Je partage l’essentiel de son analyse.

La stratégie du Front de Gauche était la bonne et c’est pourquoi, malgré des divergences sur le programme, je l’ai soutenue sans hésitation.

C’est bien Jean-Luc Mélenchon et ses amis qui ont choisi d’abandonner cette stratégie et de tenter de construire une force politique autonome. Nicolas pointe avec pertinence les graves conséquences du choix de l’ancien socialiste et décrit avec lucidité ce qu’il appelle une Stratégie zéro alliances. C’est important car certains militants refusent de voir la réalité en face.

Il n’y aura pas d’alliance de la France Insoumise avec le Parti Communiste (ni probablement avec qui que ce soit) pour les européennnes parce que la France Insoumise n’en veut pas même si l’accord sur un programme est possible.

Notre auteur rappelle que ce sont les périodes d’union qui ont permis la conquête d’acquis sociaux et qualifie avec raison la division de véritable impasse.

J’ajouterai quelques remarques.

Il est très positif qu’un communiste s’exprime avec lucidité sur la question de la stratégie politique de FI (La France Insoumise). D’une part parce que son opinion n’est pas partagée par tous les communistes et qu’il est bon qu’un débat s’instaure sur ce sujet; d’autre part parce que la question ne concerne pas que FI et le PCF mais bien tous ceux, généralement non encartés, qui souhaitent construire une espérance de changement à gauche.

La politique menée par Emmanuel Macron n’est pas si stupéfiante que le pensent ses thuriféraires. Elle consiste à favoriser les plus riches en expliquant aux plus pauvres qu’ils seront bénéficiaires de la croissance dans un futur indéfini qui devrait résulter de l’enrichissement des plus favorisés. Ce discours n’est pas nouveau et son action mène à un renforcement des inégalités sociales et donc à plus de difficultés et de souffrances pour les plus pauvres.

L’urgence de la période, une urgence qui risque de durer longtemps, c’est de construire une espérance crédible de remise en cause de la politique actuellement menée. Si l’analyse de l’erreur stratégique de Jean-Luc Mélenchon est nécessaire, elle n’est évidemment pas suffisante.

Ce qui caractérise la période, ce n’est pas l’originalité du projet macronien, ni même la désunion des forces de gauche qui le contestent (l’union a toujours été un combat) mais l’absence d’un projet crédible à lui opposer.

Ce projet ne peut être celui de FI dont la pseudo radicalité peu pensée ne peut ni rassembler, ni modifier un réel qu’il ne prend pas suffisamment en compte, ni celui d’une social-démocratie molle dont l’expérience hollandaise à montrer la tendance permanente à l’abandon du progrès social et à l’abaissement de la France.

Il ne se construira qu’en prenant en compte les réalités qui structurent notre monde :
– l’évolution des mentalités hélas durablement marquées par l’échec du socialisme réel et la montée de l’individualisme,
– l’émergence utile et durable des préoccupations environnementales qui remet en cause les modèles productivistes,
– le développement scientifique et technique dont les rapport avec nos conditions de vie et nos luttes ne sont toujours pensés par les politiques qu’avec retard et superficialité,
– l’état du monde qui impose de mettre au premier rang de nos préoccupations la sécurité de nos concitoyens et l’accueil pour de nombreuses années de ceux qui fuient la misère et la guerre.

La tâche est ardue mais elle est nécessaire.

 

 

Une réflexion sur « L’impasse »

  1. Bonjour Sylvain,

    On peut toujours opposer un article analytique à un autre. En l’occurrence, le suivant explique bien les causes de la dislocation du Front de gauche, et les raisons profondes, concernant l’attitude ambigüe de longue date, du PCF envers le PS (malgré toutes les dérives de ce dernier), pour raisons de pragmatisme électorale et de positions, en particulier sur les plans locaux et régionaux, pour lesquelles un rapprochement futur semble improbable et peu souhaitable :

    https://www.marxiste.org/actualite-francaise/politique-francaise/1993-le-congres-du-pcf-et-la-crise-du-front-de-gauche

    Cordialement

    F. Darnel

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