MPE31 Eau-forte

[L’article d’aujourd’ui, le trente-et-unième tiré de Ma petite encyclopédie, est consacré à une technique de gravure : l’eau-forte.
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Demain l’article publié sera consacré à John Von Neumann
Bon dimanche à tous !]

Eau-forte

N. f.

Procédé de gravure en creux utilisant une plaque de cuivre creusée par l´acide.

Gravure réalisée en utilisant ce procédé.

Jadis, acide nitrique utilisé par le procédé du même nom.

Histoire

D’abord utilisé au Moyen Âge pour graver le métal, l’eau-forte est utilisée dès le début du 15e siècle pour réaliser des images imprimées. Urs Graf dès 1513 et Albrecht Dürer en 1515 explorent les possibilités de cette technique.

L’eau-forte devient ensuite un moyen d’expression important pour les peintres-graveurs.

Le grand graveur Jacques Callot (1592-1635) perfectionne le procédé en utilisant un nouvel outil, l’échoppe (à la place d’une simple pointe) qui permet de faire varier l’épaisseur des traits. Il substitue aussi un vernis dur au vernis mou utilisé précédemment. Il met aussi au point l’utilisation des bains multiples qui permet de doser la profondeur des tailles.

En 1645, Abraham Bosse (1602-1676) publie le premier traité pratique et théorique sur l’eau-forte (Traité des manières de graver en taille douce sur l’airain par le moyen des eaux fortes et des vernis durs et mols).

De très nombreux artistes vont ensuite utiliser l’eau-forte: Rembrandt, Claude Lorrain et Ruysdael au 17e siècle, Gabriel de Saint-Aubin, Piranèse, Watteau, Boucher, Tiepolo au 18e.

Plus récemment, de grands peintres comme Goya, Degas, Pissaro, Picasso ou Matisse se sont illustrés en utilisant l’eau-forte.

Technique

Les étapes de la réalisation d’une eau-forte :

  1. La forme imprimante, constituée d’une plaque de cuivre est d’abord préparée (limage des bords, nettoyage, dégraissage).
  2. La plaque reçoit ensuite uniformément un vernis qui résiste au mordant.
  3. La plaque est ensuite enfumé afin de devenir noire pour faciliter le dessin.
  4. la gravure est alors effectuée en commençant par les zones les plus foncées. On enlève le vernis sur les zones que l’on veut creuser.
  5. La plaque est plongée dans le mordant (historiquement de l’acide nitrique dilué appelé eau forte) qui creuse le cuivre aux endroits qui ne sont plus protégés par le vernis.
  6. On répète le cas échéant les étapes 4 et 5 pour obtenir des zones de moins en moins sombres (voir vidéo ci-dessous). La qualité de la plaque obtenue dépend de la maîtrise que le graveur possède de la température du mordant, de sa concentration et de la durée d’exposition.
  7. On enlève ensuite le vernis.
  8. On peux passer à l’impression proprement dite en commençant par encrer le plaque. L’encre pénètre dans tous les creux créés par l’acide. La plaque est soigneusement essuyée pour que l’encre ne subsiste que dans les creux.
  9. On peut enfin utiliser une presse pour transférer l’encre sur le papier.

Vidéos

Présentation de la technique de l’eau-forte au trait par Patrice Henry-Biabaud.

Tirage d’une eau-forte (avec une plaque de cuivre originale gravée par Gustave Doré) :

Pour en savoir plus

Bibliographie

BAILLY-HERZBERG J. L’eau-forte de peintre au dix-neuvième siècle,  1 :  Histoire de la Société des aquafortistes et catalogue des eaux-fortes publiées. Paris : L. Laget, 1972a. 290 p.(L’eau-forte de peintre au dix-neuvième siècle).

BAILLY-HERZBERG J. L’eau-forte de peintre au dix-neuvième siècle,  2 :  dictionnaire de la Société des aquafortistes. Paris : L. Laget, 1972b. 201 p.(L’eau-forte de peintre au dix-neuvième siècle).

BOSSE A. De la manière de graver à l’eau forte et au burin, et de la gravure en manière noire avec la façon de construire les presses modernes & d’imprimer en taille-douce [En ligne]. Nouvelle édition, augmentée de l’impression qui imite les tableaux, de la gravûre en maniere de crayon, celle qui imite le lavis. Enrichie de vignettes & vingt-une planches en taille douce.[s.l.] : [s.n.], [s.d.]. Disponible sur : < http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8540996d >

CATE P. D., GRIVEL M. De Pissarro à Picasso :  l’eau-forte en couleurs en France  oeuvres des collections de la Bibliothèque nationale et du Zimmerli art museum. Paris : Flammarion, 1992. 198 p.ISBN : 978-2-08-013606-0.

HELSINGER E. K., DAVID AND ALFRED SMART MUSEUM OF ART. The « writing » of modern life :  the etching revival in France, Britain and U. S., 1850-1940  [exhibition, Chicago, Smart museum of art, November 18, 2008-April 19, 2008]. Chicago : Smart museum of art, 2008. 101 p.ISBN : 978-0-935573-45-9.

JEAN-RICHARD P., MUSÉE DU LOUVRE. Maîtres de l’eau-forte des XVIe et XVIIe siècles :  XIIe exposition de la collection Edmond de Rothschild  [Paris], Musée du Louvre, 30 mai-25 août 1980. Paris : Éditions des Musées nationaux, 1980. 127 p.ISBN : 978-2-7118-0157-2.

LUIJTEN G., RIJKSMUSEUM. Rembrandt’s etchings. Amsterdam Zwolle : Rijksmuseum Waanders, 2000. 48 p.(Rijksmuseum dossiers). ISBN : 978-90-400-9491-0.

MARIANI G. Acquaforte :  acquatinta, lavis, ceramolle  le tecniche calcografiche d’incisione indiretta. Roma : De Luca, 2005. 189 p.(Lineamenti di storia delle tecniche, 3)ISBN : 978-88-8016-653-5.

MARTIAL A.-P. Nouveau traité de la gravure à l’eau-forte pour les peintres et les dessinateurs [En ligne]. Paris : A. Cadart, 1873. 63 p. Disponible sur : < http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8470163v >

MURPHY J. E. Édouard Manet & etching at mid-century :  print from the permanent collection of the Picker art gallery  [exhibition, the Picker art gallery, Hamilton, May 12 – June 6, 1999]. Hamilton : The Picker art gallery, 1999.

ROBERT K. Traité pratique de la gravure à l’eau-forte (paysage et figure) [En ligne]. Paris : H. Laurens, 1891. 137 p.(Bibliothèque d’enseignement pratique des beaux-arts). Disponible sur : < http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63830410 >

ZERNER H. Les aquafortistes de l’Ecole de Fontainebleau. Paris : H. Zerner, 1969. 293 p.

Le incisioni di Jacques Callot nelle collezioni italiane :  [mostra, Roma, Istituto nazionale per la grafica, 11 giugno-19 luglio 1992, Pisa, Museo nazionale di San Matteo, settembre-ottobre 1992, Napoli, Istituto italiano per gli studi filosofici, novembre-dicembre 1992. Milano : Mazzotta, 1992. 309 p.ISBN : 978-88-202-1038-0.

Portrait de Georg Dorscheus, eau-forte, 1650
(Source : Wikimedia Commons,auteur Isaac Brunn,
Photo. M. Bertola/Musées de Strasbourg, domaine public
)

 

Façade du théâtre de Reims en 1906
tiré de Reims à l’eau forte, vues de Reims par L. Lesigne
(Source : Wikimedia Commons, auteur Léopold Lesigne, domaine public).

 

Eau-forte datant de 1625 représentant l’église de Saint Nicaise de Reims, détruite sous la Révolution française,
à ne pas confondre avec l’actuelle église Saint Nicaise.
(Source : Wikimedia Commons/Bibliothèque municipale de Reims,
auteur : Nicolas de Son, domaine public)

Christ Preaching (The Hundred Guilder Print)
de Rembrandt, vers 1646-1650, eau-forte, pointe sèche et burin sur papier (Source : Wikimedia Commons, domaine public)

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